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Exil-Transit ©
(L´Enfant et le Poète)
Extraits
LE VOYAGEUR
...En ce train Bruxelles-Anvers,
j´écrivis ces quelques vers,
cet ensemble -sept cents pages-
pour dedans le paysage
où se joue ainsi ma vie,
te dérouler l´infini
de mon âme sans mystère,
et te dire, douce-amère,
l´heure qui me fut jadis
un désert sans oasis.
De ce train Bruxelles-Anvers,
je t´adresse, de mes vers,
cet ensemble, ce grand tout
d´un destin encor debout
en dépit de ces histoires
nées du sang de ma mémoire.
En ce train je le conçus,
le mien livre d´un vécu.
D´une enfance inachevée,
ma chronique-mélopée.
En ce train Bruxelles-Anvers,
mon exil, mon univers,
en ce lieu de non-fumeurs,
nulle trace de terreur,
de souffrance, de nausée.
Nul soupçon de zyclon B.
Étranger à mes voisins,
je m´isole, je suis bien.
Certains cependant, -passons-
quelque peu pesants, gloutons,
mais silence je me fais
comme si de rien n´était.
Le poursuivre ce voyage
en dépit de quelque rage.
[...]
VOIX DE SA FILLE.
[...]
En ce noir enfermement,
dis-moi, dis... et ton enfant ?
Enfante-moi ! Me délivre
de tes mots et de tes livres !
[...]
VOIX DE SA FILLE.
[...]
Combien encor de ces vers ?
LE VOYAGEUR.
Six millions.
[...]
LE VOYAGEUR.
Non et non ! Vois, je m´apprête.
L´heure n´est plus à la quête.
Nous nous reverrons ce soir.
À vingt heures moins le quart.
VOIX DE SA FILLE.
Donne-le, n´en parlons plus.
Donne-moi ton survécu.
Il y va de mon enfance.
LE VOYAGEUR.
Il y va de mes silences !
[...]
VOIX DE SA FILLE.
Un jour un jour tout finit.
Ton poème lui aussi.
Sept mots-clés pour sept cents pages.
Sept mots-clés pour un voyage
aller-retour, Bruxelles-Anvers.
Que de mots pour un seul vers !
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