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Maurice
par Madeleine Duguet
En vérité ©
Extrait
Qui ?qui mieux que toi, me nomme ?
qui ?
Et ce signe ostentatoire
il me vient d´une mémoire
d´au-delà de toute mort.
Et ce signe ostentatoire,
je le porte haut
en moi.
[...]
Tant de mort au nom de l´homme,
tant d´amour au nom de Dieu !
Qui de l´homme, qui de Dieu,
qui dit mieux ?
Je ne peux, amis, comprendre
qui de vous, qui de vous deux,
qui de l´homme, qui de Dieu,
qui dit mieux ?
Tant d´amour au nom de l´homme,
tant de mort au nom de Dieu !
Qui de l´homme, qui de Dieu,
qui dit mieux ?
Je ne peux, amis, comprendre
qui de vous, qui de vous deux,
qui de l´homme, qui de Dieu,
qui dit mieux ?
De mon œil de cancrelat
je vous mire au fond des yeux.
Je vous livre mon émoi.
Je ne peux, amis, comprendre
qui de vous, qui de vous deux,
qui de l´homme, qui de Dieu,
homme,
Dieu,
qui dit mieux ?
M´en souvienne d´une messe de minuit,
la Noël mille neuf cent quarante trois.
Une église en France, à Nice.
Nous nous étions réfugiés
là,
dans l´église.
Nous nous mêlons à la foule des fidèles.
Nous fuyons la Bête humaine.
J´ai onze ans.
Je me dis, je me disais :
"Je ne peux, ami, comprendre.
Je le suis, semblable à Lui,
à l´Enfant très adoré que tu adores
d´une adoration infinie.
Autant que lui, je suis, circoncis.
Pourquoi tant de haine,
à Minuit ?
Je ne peux, ami, comprendre."
Je ne peux, ami, comprendre.
[...]
"Va, dégage, déicide !"
m´as-tu dit, un certain jour.
Un jour certain.
Un jour d´homme.
Et depuis ce jour béni,
je dégage.
Et, depuis ce jour béni de tes entrailles,
je dégage, déicide.
Déicide, mon visage.
Déicide mon destin.
[...]
Je ne crois pas en l´Homme.
Je ne crois pas en l´homme.
Je crois en l´homme imparfait.
Perfectible certes, mais imparfait.
[...]
Et ce mur, moi je l´élève
en dépit de ton regard.
Et ce mur, moi je l´élève
en dépit de son regard.
Plus homme que ça, je meurs.
Moi, mes morts -toi tu les comptes-,
moi, mes morts, moi je les nomme.
Mes peines, mes périls,
tu les as, toi, homme,
humain,
toi, homme d´entre les hommes,
tu les as, toi, soulevés,
psalmodiés à travers âges et mémoires.
Toi,
sous le signe de la Grâce, de la Foi,
sous le signe de la Charité,
sous le signe de l´Amour,
mes peines, mes périls,
tu les as,
toi, homme plus qu´humain,
homme trop humain,
tu les as, toi, engendrés
de ta bienveillante, magnanime humanité,
de ta bienveillante et magnanime surhumanité.